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fin de "J'accuse" de Zola

Publié le

Problématique : Comment Zola allie-t-il argumentation et persuasion pour remporter l’adhésion du lecteur ?

Introduction :

Situer : Résumer l'affaire Dreyfus – Expliquer qui est Zola au moment où il intervient dans l'affaire Dreyfus –

Caractériser le texte : Rappeler que ce passage est la fin, la conclusion de son célèbre article et qu'il est précédé d'une argumentation circonstanciée dont le passage à étudier est en quelque sorte la récapitulation synthétique.

Annoncer les axes d'interprétation : On va donc trouver dans ce texte une structure logique, reflet du caractère démonstratif et argumentatif du discours tenu par Zola. Ce sera notre premier axe d'analyse. Mais, dans cette conclusion, l'auteur cherche surtout à emporter l'adhésion du lecteur par son éloquence. Ce sera notre seconde partie.

I – La contestation d'une décision de justice au nom de valeurs universelles

1) Thèse du texte : le capitaine Dreyfus est innocent

La thèse de Zola est clairement exprimée grâce à l’utilisation de champs lexicaux dominants.

Le texte apparaît structuré par l’opposition entre les champs lexicaux du mensonge et de la vérité. Dans un premier temps (lignes 1-11, les accusations) le champ lexical du mensonge est récurrent : « mensongers », « frauduleux », « égarer l’opinion », «acquitter sciemment un coupable » ainsi que celui de l’illégalité : « violer le droit », « illégalité », « crime juridique ». Dans un second temps (lignes 12-26, l’engagement personnel), le thème de la vérité est omniprésent. Celui est notamment mis en valeur grâce à la métaphore de la lumière (symbole de pureté et de vérité) : «hâter l’explosion de la vérité », apporter la « lumière » , traiter l’affaire « au grand jour »

La thèse défendue par Zola est donc que le Capitaine Dreyfus a été condamné à tort dans un procès truqué et qu’il est temps de révéler à tout le monde la vérité.

2) Première partie du texte : Zola résume ses principales accusations.

Zola va formuler divers reproches à des personnes différentes.

La répétition anaphorique de « j’accuse » (lignes 1, 5, 8 et 9) permet de repérer quatre accusations. Ce passage est divisé en trois paragraphes, chaque paragraphe correspondant à une cible différente : les experts-graphologues dans le premier, le ministère de la guerre (les « bureaux » de la guerre) dans le deuxième, la justice militaire dans le troisième. Dans le troisième paragraphe, Zola s’en prend à deux conseils de guerre successifs. Aux graphologues, Zola reproche d’avoir falsifié leurs expertises. Il accuse le ministère d’avoir organisé une propagande mensongère en se servant de la presse. Enfin, il fait la liste des vices de la procédure judiciaire : la dissimulation d’un document, d’une pièce à conviction, par le premier conseil de guerre ; puis l’acquittement de cette faute par le second conseil, de façon délibérée (« sciemment ») et concertée (« sur ordre »).

3) Un réquisitoire qui exprime les valeurs chères à Zola

De façon métaphorique le plus souvent, Zola laisse transparaître les valeurs au nom desquelles il ose remettre en cause une décision de justice. Le paragraphe ligne 20-23 permet de dégager trois idées.

D’abord , par sa « passion de la lumière », Zola s’inscrit dans la continuité des grands intellectuels engagés. Au XVIII ème siècle, « Les Lumières » désignent la raison, les connaissances positives, l’esprit critique, par opposition avec l’obscurantisme, les superstitions, les idéologies. Par cette référence, Zola suggère un lien entre son engagement dans une affaire d’anti-sémitisme et celui de Voltaire contre la persécution du protestant Jean Calas.

Zola affirme qu’il combat « au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur ». C’est revendiquer implicitement la foi dans le Progrés : opposition du passé, dévalorisé, assimilé à la souffrance, et du futur qui ouvrira le « droit au bonheur ». Il croit donc à un idéal démocratique qui défendrait les droits de la personne humaine, et notamment l’égalité de tous face à la justice.

Enfin, Zola met au-dessus de tout la liberté de conscience : « Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme ». Zola indique qu’il se révolte contre l’Etat et contre la justice car il est indigné et car il est persuadé d’avoir raison. Il revendique la possibilité contre une décision de justice lorsqu’elle apparaît injuste au regard de la « loi naturelle », dont le cœur humain (« l’âme ») est le seul juge.

Ces valeurs : Raison, Progrès, Liberté de conscience, sont a priori des valeurs partagées par tous et Zola veut ainsi emporter l’adhésion de ses lecteurs

II – Un morceau d'éloquence

Cet extrait est la conclusion de l’article : les arguments ayant été développé précédemment dans l’article, Zola use plutôt ici de tous les procédés de l’écriture engagée pour susciter l’émotion du lecteur afin de le mettre de son côté

  1. Un engagement total de Zola

Zola use fréquemment de verbes d’action ou de volonté , d’expressions pour dire sa détermination : « je n’ignore pas… » ; « c’est volontairement que je m’expose » ; « je n’ai qu’une passion… » ; « j’attends » ; « l’acte que j’accomplis ici…. » ; etc… La récurrence de la première personne dans ces expressions, comme dans le martèlement anaphorique de la formule « J’accuse », répétée cinq fois, confirme cette idée d’engagement personnel. Zola entend faire sentir au lecteur qu’il met tout son poids d’homme de lettres reconnu dans la bataille pour la réhabilitation de Dreyfus.

2) Une déclaration de guerre à l’injustice grâce à l’hyperbole et au rythme du texte

Zola utilise de nombreuses hyperboles pour renforcer sa conviction « moyen révolutionnaire » au lieu de moyen exceptionnel, « explosion de la vérité » au lieu de la révélation de la vérité, « une campagne abominable », « protestation enflammée », « moyen révolutionnaire ».

Rythmé par l’anaphore de « j’accuse » et par une construction en paragraphes courts (8 alinéas en 25 lignes), le texte suggère au lecteur l’importance du crime ainsi que l’urgence de sa dénonciation et la détermination de l’auteur.

3) Une conclusion polémique

On note le choix d’un vocabulaire agressif et injurieux pour les personnes mises en cause : « mensongers » ; « frauduleux » ; « abominable » ; « crime juridique » ; « violé le droit » ; « esprits de malfaisance sociale ». L’orateur recourt également à l’ironie quand il affirme que les trois graphologues ont menti « à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue ou du jugement.

Conclusion :

Zola, à la fin de son article, condense sa force argumentative et son éloquence oratoire pour convaincre et persuader le lecteur de la justesse de la cause pour laquelle il s’engage.

source: http://www.matisse.lettres.free.fr/artdeblamer/lajaccuse.htm

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